dimanche 1 novembre 2009

Histoires chez les Pierre Quintin de Kercadio

Quelques histoires que l'on raconte dans la famille

Par Pierre-Yves Quintin de Kercadio


Un titre de noblesse est à la fois un honneur et un Devoir: quand un nom a été porté honorablement (ce qui ne veut pas dire dans l’opulence) par des générations, il est du devoir de ceux qui suivent de le transmettre sans tâche à leurs descendants.





Bouvine

La première de toutes, du moins chronologiquement, c'est la participation d'un de nos glorieux ancêtres à la bataille de Bouvine (1214). Mon père et mon grand père m'ont raconté qu'un de nos parents, non seulement participa mais fut tué à la bataille de Bouvine.
C'est bien pour ça que sur nos armoiries figurent un lion mort-né. Ce qui signifierait que le personage qui a été anobli est le fils de la personne qui a accompli le fait d'arme. En fait ça veut dire que le père de l'anobli est mort au combat.
Calcaribus recalcitra, notre devise depuis ces temps lointains, conforte ce postula. Ce serait une expression galo-romaine. Elle veut dire littéralement: Calcaribus – verge, Recalcitra – résiste. Donc:''Qui se cabre sous les verges.''
On sait qu'à ces époques au moyen âge les gens d'armes se louaient à de grands seigneurs. On peut penser que cet homme d'arme combattit pour le roi de France bien qu'étant breton. Le cas était fréquent. Les plus fortunés venaient pour batailler avec leur troupe quelques fois de plusieurs centaines d'hommes, soit à cheval, soit à pied. Les moins argentés venaient tout seul avec leur arme. Les guerres finies, ou si le commanditaire ne pouvait plus payer, ils s'en retournaient dans leur terre, petite ou grande.
Lorsque j'étais à Langonnet, chez les bons pères du St. Esprit, j'eus un professeur d'histoire très callé en histoire bretonne. Il avait publié plusieurs livres. Il m'a dit: ''Tu descends d'une des plus vieille famille régnante de Bretagne. Pas du tout par le nom Kercadio mais par le nom Quintin.
-Tu descends d'un des premiers roi de Bretagne: Nominoë Ier.''
J'ai depuis ouvert quelques histoires de Bretagne. Je n'ai pas vu le lien directe de notre famille avec le bon Nominoë. Je n'ai peut être pas ouvert les bons. Et je n'ai pas su les analyser. Mais de toutes façons, ça fait quand même plaisir!


Les oncles du Reposoir

Cette histoire me fut racontée par Pierre-Félix, mon père, quand j'étais encore très jeune enfant à Lorient.
Nous possédions à l'époque une ferme-manoir du XVème siècle à Hénanbien dans les ex-Côtes du Nord.
Ce manoir était vers 1850 habité par deux grands oncles célibataires. Ils étaient très originaux, comme le sont parfois les Quintin. Pourtant je crois qu'eux n'étaient pas Quintin mais plus tôt Poulain du Reposoir.
Ils vivaient là reclus ne sortant jamais et ne fréquentant personne. Ils apparaissaient seulement de temps en temps traversant le village au galop de leur chevaux, vêtus uniquement d'un caleçon, et tirant des coups de pistolets en l'air. Ils galopaient jusqu'à la plage toute proche, pénétraient à pleine vitesse dans la mer. Se baignaient avec leur chevaux et remontaient au Reposoir dans la même tenue, tirant toujours de leur pistolets.
Cette ferme fut louée à la même famille de fermiers exploitants pendant plusieurs générations. Les Bréhaut ils appelaient mes grand'père, arrière grand'pères ‘‘ No‘te maître“
Le denier fermier, monsieur Kerfantan qui, avait épousé la fille Bréhaut, élevait des veras connus dans le monde entier. Il appelait mon père: ''Monsieur Pierre'', le ‘‘No‘te maître“ lui avait parru éxcessif. C'était un homme d'affaire assez redoutable.
Dans les années soixante, il bassinait mon père avec une histoire de toit à refaire. En fait, il voulait acheter la propriété. De guerre lasse Pierre-Félix m'envoya vendre la demeure, il craignait de ne pas se montrer assez ferme dans la négociation avec le vendeur.
Bien lui en prit, la bataille fut rude. Mais j'obtins la somme demandée par Papa. Bien au dessous de ce que nous aurions du en obtenir.
Voilà comment le Reposoir n' appartient plus à la famille. Aujourd'hui c'est un joli gîte rural, et j'en connais certains et certaines qui ne passent pas par là sans un furieux pincement au cœur.

C’est aujourd‘hui, un charmant gîte rural appartenant à Monsieur Kerfantan fils.



Pierre François Joseph V 1786-1862

Pierre V naquit le 29 Mars 1786 à Bréhand comune de Moncontour et reçu les prénoms de Pierre François Joseph Auguste. Ses parents habitaient le manoir de La Bégassière, proche de La Ville Louet propriétée de l‘aîné de la famille, François Joseph, le père de Josèphine, la fiancée du chef chouan Boishardy.




Pierre François Joseph
Ce portrait date de 1808, il a vingt deux ans et il est lieutenant au 13ème Dragon.


Je retranscris les notes écrites qu’il écrivait sur un carnet de route:
„….. admis au vélite par décret du 2 Frimaire en 13 sous le n°39 le 3 mai 1806.“

1806

1806 janvier La Bégassière.
1er Mars Alençon.
1er Mai Paris.
18 Septembre parti de Paris pour la campagne de Prusse.
Pierre note qu‘il manque ici les“ marches“ postérieures à l‘affaire d‘Iéna où il a donné ses premiers coups de sabre.
A cette époque les batailles étaient appelées“ affaire“ par les militaires.

1807

1807, il manque de même les“marches“par Berlin, Posen, Thorn, Graudentz, Granekinsteir.
Le 3 juin il est à Graudentz,
le 10 à Friedland,
le 14 à Elsberg puis Tilsit, Koenisberg, Berlin, Stettin, Magdebourg, Hanovre, Lille.
Il repart de cette ville le 20 Octobre pour Myence et Francfort sur le Main.
C‘est la fin de la première campagne d‘Allemagne.
Le 1er Novembre -Mayence.
Le 25 Paris, en garnison à Versailles.

1808

Parti le 8 Octobre de Versailles pour l‘Espagne.-“Nous sommes passés par: Rambouillet-Chartres-Angoulème-Bordeaux-Dax.
Le premier Novembre -Saint Jean de Luz“
25 Octobre – Nous nous sommes mis en route pour nous rendre à Strasbourg, puis route vers l‘Espagne à petites étapes.
Première Campagne d’Espagne
Le carnet nous annonce:.." 4 Novembre Tolosa, Miranda de Ebro, Burgos, Somo Sierra. 3 Décembre Madrid. Le 20 décembre nous sommes mis en route pour Benavente en passant par Villacastin."
Relaté de cette façon ça ressemble à une promenade. Madrid est atteinte sur un rythme soutenu, 485 kilomètres sont franchis à la moyenne de 16 kilomètres par jours. Ils ont à franchir des cols, de plus à Somo Sierra ils étaient attendu par l'armée Espagnole
Somosierra est un col situé à une centaine de kilomètres de Madrid en venant de Burgos.
L'armée espagnole est commandée par le général Benito San Juan, qui a fait le serment de ne pas laisser passer l'adversaire, jurant "qu'aucun Français n'arriverait même au col". Dos au village de Buitrago, San Juan a disposé plusieurs batteries d'artillerie de 4 canons. Chacune a en vue de prendre en enfilade les coudes de la route encaissée menant à la gorge; une a été déployée pour cela derrière les parapets d'une redoute située au Puerto (passage du col), en avant de Somosierra. En face, Napoléon dispose de la division Ruffin, avec, de droite à gauche, le 9e d'infanterie légère, le 96e de ligne et le 24e de ligne, épaulés par les fusiliers et la cavalerie de la Garde. Il aligne également 6 pièces d'artillerie, placées sous les ordres du général Sénarmont.
Dans la nuit du 29 au 30 novembre, la brume s'est levée, favorisant les desseins de l'Empereur et permettant à l'infanterie française de progresser, en trois colonnes, sur les pentes qui mènent au défilé. Les fantassins français, s'étant emparés de la première position ennemie, sont bientôt soumis au tir des batteries espagnoles et des tirailleurs dissimulés derrière les rochers. Ils doivent ralentir leur avancée, au grand dam de Napoléon qui veut en finir au plus vite. Aussitôt, l' Empereur commande aux chevau-légers de dégager la route en prenant la redoute située près du Puerto et ses canons. En quatre minutes à peine, les cavaliers de la Garde impériale fondant sur les pièces ennemies, en sabrent les servants. Abasourdis par la violence de cette charge, 6000 à 7000 Espagnols, cédant à la panique, s'enfuient. L'infanterie française peut poursuivre sa tâche, s'emparant de nombreux prisonniers et d'un important butin.Quant au général San Juan, il est tué par ses propres hommes alors qu'il tente de les empêcher de fuir.
La route pour Madrid est ouverte, ils y pénètrent le 4 décembre. .
Pierre y demeure jusqu'au vingt Janvier:" nous sommes mis en route pour Benavente en passant par Villacastin." Il est curieux qu'il site
Villacastin qui est situé à une cinquantaine de kilomètres de Madrid.
Benavente, c'est un noeud de communication avec le Portugal d'où Napoléon se rend à la rencontre des Anglais. A cet endroit il y eu un gué particulièrement difficile à passer Napoléon lui-même, se met jusqu'à la taille dans l'eau glacée à la tête des troupes. Il est bien sur acclamé et le gué devient le "Gué de l'Empereur."

1809

Le premier Janvier1809, il est à Astorga, cent quarante kilomètres au nord-ouest de Benavente, de là il rejoint Valladolid, puis Burgos.
"....Nous sommes partis le 12 janvier de Valladolid avec un escadron de chasseurs et un escadron de lanciers de la Garde commandés par Daumesnil."
Pendant tout ce périple, notre jeune vélite escortait Napoléon. L'Empereur fut accompagné de la sorte pendant tout son retour en territoire Espagnol qui n'est pas sécurisé. Sa garde dont fait toujours parti Pierre, le laisse à Bayonne.
Elle remonte par des étapes normales jusqu'à Paris atteinte le 9 Mars.
Le 23 Mars jour très important pour Pierre, il quitte la Garde pour les Dragons, il est nommé sous lieutenant. Malgrès tout, il n'est pas disert sur l'affaire:
" Fait sous-lieutenant au 13ième Régiment de dragons par un décret impérial du même jour."
A peine un mois plus tard il part pour Strasbourg, sans doute qu'il s'aclimate à sa nouvelle unité. Il ne parle pas de permission! C'est vrai que, à part les déplacements de troupes, les voyages ne sont pas nombreux, et il en avait peut être assez des transports!
2ème Campagne d'Allemagne
Elle commence fort, le 5 mai il nous indique se trouver à Ratisbonne.
La paix avec l'Autriche avait été rompue en mars, l'Empereur ayant refusé de recevoir Méternich, l'embassadeur deFrédéricII
Ratisbonne, ville d'Autriche, a été prise par Napoléon en personne, au mois d'avril, il y fut d'ailleur légèrement blessé au talon.
Bizarement il passe à côté de plusieurs grandes batailles dont il ne pas un dit mot.
Pourtant il parle d'un affaire où il est engagé très sérieusement, puisqu'il y gagne sa Légion d'Honneur.
.....19 juin –Nous avons eu une affaire avec les autrichiens. 1 Juillet –Ils nous attaquent une seconde fois avec 4 pièces de canon; nous en primes 2 et le 18 – le général Picard qui nous commandait nous passa en revue et j‘ai mon brevet de membre de la Légion d‘Honneur. Le Major de son régiment François SRTUT le confirme dans un courrier qu'il lui écrit le 16 aout:
A Mr Quintin
Monsieur, Je n’ai point attribué à la négligence le retard que vous avez mis à m’informer de votre arrivée au 4° escadron du régt, mais bien aux occupations inséparables de la guerre ausurplus quand bien même ce retard m’aurait un peu fâché contre vous, la valeur avec laquelle vous vous étés battu contre les tyroliens m’aurait tout à fait réconcilié avec vous. On ne garde jamais rancune aux braves. Vous pouvez donc être assuré des sentiments de considération etd’estime que vous m’avez inspirés. Strut
puis dans un certificat qu'il lui établira plus tard.

:....M Quintin de Kercadio [.] a enlevé aux Autrichiens deux pièces de canon en Juin 1809, à l'affaire de Kaemplen, et que ce glorieux fait d'armes lui valu les éloges bien mérités des ses chefs et la décoration de la Légion d'Honneur...

Malheureusement je suis tout à fait incapable de trouver où exactement et quand eu lieu cette fameuse affaire de Kaemplen.Ce ne devait pas se trouver très loin de Wagram. En effet Pierre faisait parti à cette époque des troupes du maréchal Lefèbvre qui bien sur était à Esling, Wagram etc. Il fut chargé par napoléon de poursuivre les Tyroliens, ce qui explique la note du major Strut.

Quatre mois plus tard: ...le 25 octobre nous sommes mis en route pour nous rendre à Strasbourg puis route vers l'Espagne.
2 ème Campagne d'espagne
Il faut savoir que depuis son départ l'année passée la situation en Espagne ne s'est pas améliorée. Les Anglais se sont fait de plus en plus pressant. Les Espagnols mènent une guérilla cruelle qui préfigure les guerres modernes tel que le Vietnam dans les années 1960 plus d'un siècle après.

1810

Il commence l'année 1810 par un certain nombre de marches mais sans explications.

...24 Janvier – Irun puis Vittoria – Burgos – Aranda de Duero.“16Mars Brunete – Caramanchek –Flores – Madrid – Guadalajara – Siguenza – Valparaiso de Arriba – Guenca –Cuidadreal – Nanzaranes – Los Infantes VillaHermosa.“
20 Décembre – La Membrillas, c‘est là que j‘ai rejoints le régiment.“ On ne sait pas pourquoi il fait cette remarque.

On n'en saura pas plus sur cette année 1810. A l'en croire il ne se serait pas passé grand chose. On sait qu'il était avec le maréchal Soult, toujours au 13 ème dragon.

Soult avait en charge une bonne partie des troupes en Espagne.

Il prend Séville en février, toute l'année 1810 fut une année de reconquêtes et de conquêtes dans ce pays pour les Français.

1811


L'année suivante, 1811, sera plus difficile Wellington et les Espagnols vont se montrer de plus en plus pugnaces.
Dès le début de l'année le 3 février il fait par ...d'une affaire avec les brigands.“ Il doit se tromper puisque la phrase suivante dit:… c'est le 3 de ce mois(mars) que cette affaire à eu lieu“.
Ceci tant à prouver que le carnet d'ou proviennent ces notes fut écrit après les faits. En tout cas nous le verrons plus loin il s'engage dans, semble-t-il, une série de combats où nous le sentons plus impliqué.
Il me semble que dans ces affrontements il est plus maître des évènements.

1 Avril – Mis en pied au régiment par un décret impérial 1 Avril 1811.“
Jusqu‘en Octobre il guerroie dans les villes citées précédemment.

Au mois de mai eu lieu une des grande batailles d'Espagne, Albuera tout près de Bajos près de la frontière Portuguaise, elle oposa les troupes de Soult aux Anglo-potuguo-espagnols. Pour la plus par des auteurs ce fut une victoire des alliés, certains la donne comme victoire de Soult. Affaire d'historiens et de patriotes!
Pour nous rien dans les notes de Pierre nous indique sa participation à cette affaire.
A la bataille d'Albuéra le 20ème dragon se distingue, faisant entre autre 1000 prisonniers anglais, mais pas de trace du 13ème.
Il doit être en maintient de l'ordre du coté de Tolède d'après les dates et lieux que nous fait parvenir Pierre V.
18 Octobre ... A lieu l‘affaire de Calatrava d‘Elmoral où un cheval est tué“
On doit comprendre qu’i l ya eu du grabuge puisqu’un cheval est tué sous lui.
Il est là dans la position la plus sud qu'il ai fréquentée en Espagne entre Cuicad real et Valdepenas. On le trouve surtout près de Madrid et Tolède.
Il semble bien que toutes ces affaires soient des accrochages avec des troupes espagnoles plus ou moin régulières. Voilà pourquoi il parle de brigands. On peut penser que cette affaire fut une embuscade montée par Morillo. Il en fait mention l'année d'après. Morillo était un officier des troupes régulières espagnoles déjà fort connu avant l'arrivée des
français.

1812

Cette année est très mauvaise pour les troupes napoléoniennes, la pression anglaise se fait de plus en plus forte, les victoires sont rares. Napoléon est enlisé en Russie, ses généraux se débrouillent comme ils peuvent en Espagne, mais ils n'ont pas son génie de tacticien. De plus les espagnols se rebellent de plus en plus.
16 Janvier
“... a eu lieu l‘attaque de Morillo (chef espagnol) nous le poursuivîmes jusqu‘à Piedra Buena et à Porzuma où fut tué le Maréchal des logis Dupuy“
Retour à Ciudad Real belle petite promenade de 120 kilomètres en cinq jours pour chercher un ennemi invisible. Sauf probablement une embuscade qui coûte la vie d'un compagnon.
...2 Avril – J‘ai fait une reconnaissance sur la route de Valdepenas.“
Cette reconnaissance n'est pas anodine. C'est un bel acte de bravoure. Nous sommes en hiver les jours sont cours et la promenade, sur une petite route sans doute sous la neige, d'une vigtaine de cavaliers, représente presque 60 kilomètres parcourus en terrain hostile et de nuit pendant pas loin de six heures.
Suit toute une série de noms de lieux où son régiment stationna ou batailla. Toutes ces petites ville se situent dans le sud de Tolède, entre Tolède et Valdépénas au sud.
Pendant toute cette période certainement pénible, il devait se
comporter comme bien plus tard les troupes française en Indochine
et en Algérie.
Les deux cotés se montrent particulièrement sauvages. Tout soldat français pris était soit ébouillanté, écorché vif, pendu et dans tous les cas émasculé.
Quand aux troupes de Soult, ils rasaient les villages d'où les attaques partaient sans oublier de violer les femmes et de tuer les hommes.
12 Août –“... affaire cette fois avec les anglais à Majalahonda“.
Cette bataille fut une sérieuse affaire qui fut une des rares victoires des forces française en Espagne à cette période. Elle sera appelée par les anglais:
Une Diabolique affaire: Le Combat de Majalahonda.
Le Duc de Wellington qui avait été envoyé en Espagne pour en chasser Napoléon, ce qu‘il réussit, n‘avait jusque là pas subit de sérieux revers. Il venait de chasser les troupes françaises du Portugal le 22 Juillet, ce qui lui ouvrait la route de Madrid. Les troupes impériales avient subies de gros revers sur la frontière portugo-espagnole.
L‘unité qui poursuivaient les français était composée de dragons anglais et portugais. La poursuite était commandée par le général D‘Urban.
Général D'Urban
C‘était la première fois que la cavalerie portugaise était assimilée aux troupes anglaises en si grand nombre.
Le 4 août ils franchisaient Segovia. D‘Urban avait l‘ordre de prendre Puoerto-Guardarrama, les monts Guardarrama les séparaient des français.
Le 7 Août l‘avant garde pensait être au contact des troupes qui devaient défendre ce passage statégique .Mais pas de résistance!
D‘Urban continue son avance.
Le 9 Août il passe les montagnes vers Las Rosas. Il était à une journée en avance sur l‘armée de Wellington qui lui ordonne par estafette de l‘attendre. D‘Urban s‘arrète juste devant Las Rosas près d‘un pont sur la rivière Guardarramara. Il est à 40 kilomètres des troupes alliées.
Dans la soirée du 11 Août l'avant garde anglo-portugaise se trouve au contacte des français devant Las Rosas. Les français ne se montrent pas très agréssifs et décrochent rapidement
A las Rosas bivouaquait le 13ième et le 18ième dragon, 700 hommes, commandés par le Colonel Marie-Antoine Reiset chef du 13ième dragon.
(Notre aïlleul appartient au 13ième Dragon)
Colonel Marie-Antoine Reiset en uniforme de dragon Les alliés ne poursuivent pas étant déjà très éloingnés du gros de leurs forces. Ils font volte face et rentrent à Majalhonda. pour prendre du repos. La troupe est fourbue, les cheveaux sont rapidement dételés, les bivouacs formés. Les officiers ont trouvé des logements confortables chez les habitants. Ceux-ci sont tout à fait coopératifs. La nuit tombe, tous se reposent.Quelques hommes prennent la garde, des portugais, ils sont exténués et s'endorment très vite, ce sont les anglais qui le disent.. Vers trois heures du matin, les français attaquent la bourgade. Ils sont partout à la fois, c'est la panique totale. Les dragons français galoppent dans les ruelles et sabrent tout ce qui bouge. Les hommes de D'Urban se ressaisissent tant bien que mal. Ils arrivent à tenir une ligne de bataille à la sortie du pays. Ils mettent quelques canons en batterie. Mais ils sont sabrés sans merci.
Un des officier de dragon anglais réussit un peut plus tard à reformer une ligne composée de cavaliers anglais et de dragons portugais. Il charge avec cette unité la ligne des dragons français.
Les deux lignes galoppent l'une vers l'autre en hurlant. Le choc va être terrible. Soudain,
lorsque les cheveaux ne sont plus qu'à cinquante pas les uns des autres, les dragons portuguais pris de panique, tournent bride et s'enfuient...Les anglais sont décimés.
Les vaiqueurs rendent inutilisables les canons capturés, puis décrochent.
Wellington est furieux, comment une telle défaite a peut arriver?
Pas de garde la nuit alors qu'on est en zone de combats et des troupes peut sûres en première ligne.
Il décida sur le champ de ne plus jamais confier un cheval ou un sabre à un portugais. On reconnait bien là les anglais. Ils ne font confiance à personne.
La troupe sa déplace les jours suivants vers le sud dans la direction de Tolède.

Le 15 Août il atteind Aranjuez puis Ocana. Ensuite il descend à Albacete 200 kilomètres plus loin au sud-est. Il fait halte à Alberique 160 kilomètres plus loin avant d'atteindre Valence sur la méditéranée le 11Octobre. Après il remonte vers Chiva par l'intinéraire de l'actuel autoroute qui part vers Madrid.
11 Octobre – Valence – Chiva – Requerra – Minglanilla – Valparaiso de Arriba – Belinchon.
1 Novembre „passé le Tage à Punta Duena, Madrid, Villacastin, Jimileon, passé la Tormed (?) puis bivouac pendant plusieurs jours. Saumanoz, Casafranca, Salamanque, Palajos.“
Cette année se termine par une succession de marches dans tout le centre de l'Espagne. Il ne nous donne malheureusement aucun détail sur ce que furent sa vie et ses combats pendant toute cette époque.
D'après les historiens ce fut certainement pour ces cavaliers, une salle guerre d'embuscades, de coups de mains de part et d'autre.Avec toutes les horreurs et exactions inérantes à ces guerres de libération. Bien certainement attisée par nos amis anglais.

1813

En ce début d'année les évènements vont mal pour la France. La Prusse vient de rejoindre l'Angleterre et la Russie contre Napoléon. Depuis
l'été de l'année dernière il a envahi, avec une armée de 400 000 hommes la Russie.
Mais pendant l'hiver 12-13 les Français connaissent la défaite dans cette froide Russie. En France la pression de la conscription se fait durement sentir.
Notre ailleul demeure à batailler en Espagne mais les Français sont toujours sur la défensive.
L'Espagne sera évacué par les troupes française à la fin de Juin.
Madrid et Cetafe en Janvier.
14 Février
Fait lieutenant au régiment par décret impérial du 8 Février 1813.
Ce n'est pas un très jeune lieutenant, il a vingt sept ans. A cette époque on peut être général à cette âge là.
3 mars ( retour en Espagne)
L‘escurial, Otero, Ségovie, Valadolid, Palenzuela, Burgos, Miranda del Oro.
20 mars
St. Jean de Luz.
9 avril
La Bégassière jusqu‘au 24.
4 Mai
Cambrai, Liège, Maestricht, Wesel.
Troisième Campagne d‘Allemagne
Munster, Osnabruck, Hanovre, Bremen, Hambourg.
28 Août 1813
Shuerin (?)
2,3,4 Septembre
prise de 3 villages aux noms illisibles, Siebneuhen?

1814

En reconnaissance à Potrau et bivouac jusqu'au 13 puis: Hambourg, Altona, Lubeck, en Novembre et décembre, mêmes lieux autour de Hambourg. Pierre V servait dans l'armée du maréchal Davout que Napoléon avait laissé en arrière.
Notre aïlleul est resté de janvier à juin1814 à Hambourg.
Le 13 Juin Essek,Aix la Chapelle, Tongre, Louvain, Malines.
29Juin Lille
10 Août, le général Comte de Tilly organise le 8ième régiment de dragons de Condé.
20 Août, le comte d'Astroga est reçu colonel du régiment. Tous les officiers recevront la décoration du lys.
Puis permission à la Bégassière jusqu'en février 1815.
C’était pendant que Napoléon était à l’ile d’Elbe où fut tué à la tête de ses hommes sont arrière petit fils le capitaine Yves Quintin de Kercadio

1815

16 Février, Paris,Valanciennes, Cambrai, Maubeuge, Denain, Douai, Arras.
Le1 er mars Napoléon avait débarqué à Golfe Juan et débutaient les 100 jours.
15 Juin, il passe la Sambre près de Charleroi. Le lendemain il est blessé
d'un coup de feu à la jambe gauche devant le village de Sombreffe.
C’est à côté de Fleurus où visiblement il paricipa à la bataille contre les
Prussiens. C’est au cours ce cette baraille que le maréchal Blücher coincé sous son cheval mort faillit être pris par les Français Le 18 Juin, jour de la bataille de Waterloo dont il est un acteur, il est à Wanie, Mont Saint Jean, Ce plateau fut occupé par les troupes de Welligton qui s'y retranchèrent le 16 Juin, le régiment dont fait partie Pierre essaie de reprendre, sans succès, cette position. Il était véritablement au plus dur de la bataille, cette position de Welligton était primordiale, si les dragons avaient réussis à la prendre ...!! Le 19 Juin à Namur, le 20 sur la frontière près de Dinant. Le 29 Juin il est à Paris et Gentilly. Pendant le mois de Juillet il retraite jusqu'à Limoges. Le 10 Août il est à Saintes, il quitte Saintes le 13 Décembre, pour Nantes, Rennes et Saint Brieuc.

1817
Aucune indications sur son emploi du temps jusqu'au 30 Août 1817 où il nous dit être placé aux chasseurs de l'Allier. (On peut pensé qu'ayant été un brillant jeune officier des troupes de l'empereur, il soit pendant cette période, peut être pas inquiété, mais en demie-solde pour le moins.)

1819

„J'ai reçu ma lettre de service pour les dragons du Calvados, je suis parti pour rejoindre ce régiment le10 Mars.“ Suivent le 8 Mai, Maubeuge puis Lille, Arras, Maubeuge, Douai, Bavay.

En Mai il est à Arras, Maubeuge, puis Lille, Douai, Bavay. Arras.

1820

Aucune note

1821

Premier de l'an 1821 il est à Lille, puis un certain nombre de villes autour de Lille.

1822

„19 Janvier Lille.
Février je me suis marié civilement, le 11 et le 12 à l'église.“
jusqu'en 1823 de nombreux nomx de ville sont cités. Il n'est pas possible de savoir si ce sont des déplacements de son régiment ou personnels: Valavciennes, avesnes, Hirson, Charleville, Sedan, Stenay, St. Mihiel, Nancy, Lunéville, Saverne, Haguenean.
Le 19 Juin on trouve la remarque „plusieurs courses dans les environs
sans découcher.“
Octobre, Savenay, Metz, Stenay, Mézières.
Le 10 Décembre Maubeuge et Audignies.

1823

Le 7 Janvier est né Pierre, Hipolyte.
Le 7 Février „ reçu l'ordre de partir pour rejoindre mon régiment; je vais donc partir le 15.“
Mars et Avril, Strasbourg, Hagueneau, Schlestadt.
26 Avril, le régiment a été organisé à 6 escadrons par le général Billard. Il me nomma Cap.... il retrouve son grade de capitaine qu’il avait perdu après le départ de Napoléon.
Nombreux déplacements du Nord à la Lorraine jusqu'en 1824.

Ainsi s’achève le carnet de Pierre.




Il finira comme Colonel commandant la place de Lille
. . . . Pierre-François meurt en 1862 27 novembre à Niergnies chez son fils prêtre.
(J’ai ouï dire qu’il était resté couché les 3 dernières années de sa vie.) Il fut enterré dans les fondations de l’Eglise neuve bâtie par le Curé.
Extrait des mémoires de Marie de Kercadio née Roussel de Préville ma grand-mère.
Nomination au garde de Lieutenant mai 1811
Lettre du Major Strut l’excusant de son retard causé par un fait d’arme.


Les colères de Paul Sévère

Les Quintin de Kercadio ont la triste réputation d'être assez coléreux. Paul Sévère, qui ne devait certainement pas être un rigolo n'usurpait pas du tout sa réputation. Quelques temps après son mariage il devait se rendre à une soirée très huppée. Il n'était pas en avance. A l'époque les chemises n'avaient pas de col. Le col était maintenu à la chemise par des boutons. Ca permettait de changer le col sans changer de chemise. Ils n'étaient pas faciles à boutonner sur le corps de chemise qui était amidonnés. Impossible de fixer ces maudits boutons ! Sa femme lui propose son aide. Refus bougonnant.
Paul Sévère Quintin de Kercadio
Il arrache la chemise en déchirant la moitié du plastron. Il se précipite sur le tiroir de la commode, sort une nouvelle chemise, l'enfile. Toujours pas moyen d'accrocher ce satané col sur la chemise. Même punition même motif, la chemise
termine sa vie dans la corbeille... Trois chemises subissent le même sort.
Alors sa jeune épouse, très calme lui annonce:
'' Paul, c'est votre dernière chemise!''
L'histoire ne dit pas si il s'est fait assisté par sa femme et si il fut à l'heure à la soirée!



Frasques de Paul


Paul Sévère eut plusieurs enfants dont deux filles mourront en bas âge, Pierre, mon grand père, Paul, Jacques et Hélène. Paul d'après ce que je crois avoir compris, était quelque peut turbulant. Il partit en âge pour les chasseurs d'Afrique. Nous sommes avant 1900, s'était à l'époque une arme très dure et réservée aux têtes brûlées. Donc Paul fait carrière là bas. Parti simple soldat il est nommé rapidement sous-officier. Au retour d'opérations dans le bled notre Paul se laisse aller à quelques libations. Lui aussi, comme tout bon Kercadio est colérique.
Un arabe l'insulte dans un café maure. Il sort son couteau et envoie le quidam au paradis d'Allah.
Il termine la soirée et rentre à la caserne avec les autres fêtards.
L'affaire n'en reste pas là. Le chef arabe du village demande à voir le colonel, il fait un foin terrible, réclame le coupable à corps et à cris. Le colonel tente bien de s'en débarrasser, mais le chef arabe ne veut rien savoir et désire absolument le coupable de se meurtre. Des témoins l'ont vu rentrer dans la caserne. On peut très facilement le reconnaître. Il porte une barbe.
A cette époque beaucoup de chasseurs d'Afrique portaient la barbe, comme certains légionnaires de nos jours.
Le colonel renvoie le chef arabe en lui promettant de faire une enquête et de lui livré le coupable.
Paul se dénonce, le colonel le convoque. Il se fait engueuler, casser de son grade. Mais l'officier est passablement embêté, il n'est pas question de livrer un de ses sous-officiers à la justice expéditive des arabes. En même temps il ne peut pas laisser l'affaire sans donner satisfaction au chef local, sous peine de se retrouver avec une révolte sur les bras.
Il a une idée, donne ses instructions et le lendemain convoque le chef arabe.
Il lui explique que si il est si certain que le meurtrier est dans la caserne, il va faire aligner tous les hommes dans la cour d'honneur et le chef n'aura qu'à lui désigner le militaire qui a donné le coup de couteau. Ce qui est dit est fait. Les témoins sont quéris. Les hommes alignés dans la cour.
Seulement il n'y a pas un seul barbu dans la troupe. Tous les hommes sont glabres! Le chef repart bredouille. Personne n'a reconnu Paul qui est mis aux arrêts pour plusieurs semaines.
Ce n'est pas très moral, mais c'était il y a longtemps et puis c'est notre aïeul !
A quelques temps de là, les troupes sont en opération dans le bled. La nuit Paul est de garde auprès des chevaux. Comme ils sont dans la campagne il n'existe pas d'enclos pour les animaux. Ils sont attachés à une grande corde tendue entre deux piquets enfoncés dans le sol. Les chevaux sont entiers. Pour qu'ils s'agitent et cassent leur longe afin de les voler, un arabe fait passer, à la limite de la visibilité, une jument en chaleur.
Se rendant compte du manège, Paul crie au petit malin d'arrêter son petit jeux. L'autre repasse, une fois, deux fois alors excédé Paul arme son mousqueton, ajuste le type, tire et le tue net.
Cette fois encore vives protestations des chefs locaux, mais Paul n'aura pas à se raser ni faire de prison. Il récupérera ses galons avec les félicitations du colonel.
Ces deux anecdotes me furent contées à plusieurs reprises par mon père.


Bon-Papa en Afrique

Bon-Papa, PierreVII, était un jeune homme élégant.
Bachelier et licencié en droit, il vivait à Paris et travaillait chez un notaire. Nous sommes en 1890.
Il semble qu'il profitait de la vie, allait au concert et vivait sans doute avec une petite amie, d'après ce que me disait son fils. Ce n'était pas très bien vu. L'affaire arrive jusque dans sa famille, même s'il a trente ans, il faut agir. On lui trouve un poste d'administrateur colonial au Congo. Il devient Proconsul de France à Matadi.

En fait c’est lui qui souhaitait partir outre mer. Il avait fait des démarches pour partir en extrême orient, puis il avait prit contact avec l’équipe de Brazza sans succès.
Pierre VI (Bon Papa)
Le Congo en ces temps là était très, très sauvage. Tellement sauvage que sa mission consistait entre autre à partir en brousse avec une escouade de tirailleurs ''pacifier'' les tribus dans la brousse souvent inexplorée.
Il me disait qu'à cette époque, il était souvent le premier blanc que les indigènes voyaient. Les tribus, comme de nos jours, se battaient souvent pour un oui pour un non. Il y avait quelques fois des prisonniers.
Plusieurs fois il a vu des captifs que l'on marquait avec de la peinture blanche.
Les femmes passent devant eux désignent un bras une jambe, le membre est marqué à la peinture.
Pierre demande quelle est la signification de ces marques.
''Oh! C'est pour désigner le morceaux qu'elles ont choisi.''
'' Qu'elle ont choisies pour quoi faire?''
'' Mais pour manger! Toubab! ''
Les tirailleurs de Pierre
A la suite de cela il a vu ses propres tirailleurs emporter des morceaux de viande qui n'avaient pas l'air très catholique.
Il a quelques fois découvert dans la pirogue des pièces de boucherie très suspectes, les tirailleurs lui disaient que s'était du grand singe.
Un jour il a mangé à la table d' un grand chef qu'il venait de rallier, un ragout de... gorille à ce qu'on lui a dit!

Rue de Brazzaville Village de brousse

Matadi à cette époque

Pierre se trouve le premier à gauche coiffé du casque colonial.

Il remontait le fleuve Congo en pirogue et s'arrêtait dans les villages pour rallier les chefs à la France. Ses périples duraient plusieurs semaines. Il rencontrait de temps en temps des missionnaires, les pères de Saint Esprit, dont certains devinrent des amis.

Un jour il arrive dans une tribu très hostile. Il sentait ses tirailleurs sur le point de tourner les talons et de le laisser bouffer par les sauvages. Il avance quand même au centre du village. Le sorcier se dirige vers lui, menaçant, une sagaie à la main. Il fait mine d'armer son bras pour l'embrocher. Sans hésiter Pierre marche sur lui. Dégaine son revolver et lui tire une balle en pleine tête. L'homme tombe raide mort.
Personne ne dit rien et les menaces cesses. Le chef l'invite à sa table.
Il ne dit pas quel fut le menu du soir.

Une autre fois il fut chargé par un éléphant et son fusil fut tordu par le piétinement de l'animal.


Il revint d'Afrique, rappelé par sa mère. Il avait ramené un joli petit
singe qui la nuit, dormait dans sa botte. Sur le bateau du retour, le singe bu un
pot de peinture. Il en est mort évidement.


Mauvaises blagues

Cette petite histoire se situe dans les années 1920, elle met en scène Pierre-Félix, Yves son frère cadet et leurs cousins germains Paul et Hubert de Kercadio.
Nous sommes aux environs de St.Brieuc, les quatre gamins, âgés de onze ou douze ans, se promènent pendant l'après midi d'une journée de vacances scolaire. En passant sur un pont qui surplombe une rivière, ils aperçoivent en amont à quelques dizaines de mètres, un lavoir déserté un moment par les lavandières. Elles ont due porter du linge au village un peu plus haut.
Paul et Hubert courent jusqu'au lavoir inoccupé. Ils précipitent dans la rivière, linge, battoirs, savons, lessiveuse enfin tout le matériel des ouvrières.
Pierre et Yves sont horrifiés. Ils voient le linge propre qui part au fil de l'eau. Mais vite, tout le petit monde déquenille à toutes jambes.
Rentrés à la maison personne ne souffle mot du mauvais exploit.
Le lendemain le père de Pierre et Yves, mon grand père, commente scandalisé un article de Ouest-éclair qui fait état d'un acte de vandalisme perpétré aux environs. Un lavoir avait été saccagé par des inconnus etc.etc...
Personne ne su rien de l'histoire si non moi bien des année plus tard.
Mon père me la racontait encore indigné.


Histoires de l'oncle Paul de Préville

Bonne Maman, la mère de mon père, était aînée de onze enfants. Elle avait entre autres un frère Paul.

C'était un homme plein d'humour. Ancien commissaire de la marine. Il avait combattu pendant la grande guerre dans le détroit des Dardanelles. Il racontait à ce sujet comme beaucoup d'autres un tas d'histoires.
Pendant cette fameuse campagne son bateau devait se ravitailler dans une île près du fameux détroit. L'île, pratiquement désertée de ses habitants, était envahie de chiens errants. Des molosses affamés qui se précipitaient sur tout le monde. L'oncle Paul descendu en avant-garde approvisionné le vaisseau, s'était ré embarqué par la chaloupe. Un jeune enseigne pas très futé souhaitait lui aussi faire un tour à terre. Il lui demanda comment il s'était débrouillé avec les
chiens.
'' C'est tout simple, lui dit l'oncle Paul, il suffit lorsque le chien vous charge de lui tourner le dos et, en baissant son pantalon, de lui montrer ses fesses.''
Le jeune officier descendit à terre, fut chargé par un molosse, fit ce qu'on lui avait dit... Et se fit enlever un beau morceau du postérieur!

L'oncle Paul racontait aussi qu'un jour un matelot avait péché une grosse tortue de mer, pour l'ajouter au menu du bord. La chaire de la tortue est parait-il délicieuse. Cette tortue, posée sur le pont sur le dos, attendait que le cuisinier fasse son travail. Mais l'animal paraissait bien agité, elle soufflait et remuait les pattes dans tous les sens. L'oncle Paul observa de plus près la pauvre bête. Elle semblait souffrir. En regardant attentivement, il vit que le petit chat du bord était rentré à l'intérieur de la tortue par une patte de derrière... Il était entrain de la bouffée vivante.


A l'époque ou l'oncle Paul me racontait ces histoires, j'étais pensionnaire dans un collège à Grigny. Je venais passer certains weekend chez lui. Il habitait avec tante Valentine, sa femme, et Anne, une de ses filles, un grand appartement place Mithouard à Paris.
A la mi-saison le chauffage central ne fonctionnait pas encore. Dans le salon, tout contre la cheminée, on allumait un radiateur à gaz. Sur l'instrument la tante plaçait un récipient plein d'eau pour humidifier l'atmosphère. L'oncle Paul, je ne sais pourquoi, avait mélangé à l'eau de ce vase, de l'eau de Cologne. Bien sur en s'évaporant l'eau diffusait le parfum de l'eau de Cologne.
Sur la cheminée il y avait presque toujours un bouquet de fleurs.
J'étais avec mon oncle dans le salon devisant. Il avait un air rigolard. Quand sa femme vint nous rejoindre dans la matinée. Elle s'étonna de l'odeur.
'' Ce sont sûrement les fleurs '' Dit l'oncle.
Sur la cheminée, derrière le radiateur il n'y avait que des tulipes qui, comme chacun le sait, ne sentent rien.
''' Mais si, dit-il, vous n'avez qu'à sentir.''
Ce qu'elle fit. Bien sur l'odeur de l'eau de Cologne semblait provenir des fleurs. Tante Valentine n'en revint pas et nous dit que ce devait être une variété
spéciale. L'oncle Paul me faisait des clins d'oeil derrière le dos de sa femme.
Pour déjeuner sa fille Geneviève et son mari le marquis de Thilière eurent droit au même manège. Ils déjouèrent rapidement la supercherie. La tante, elle ne sut jamais le fin mot de l'histoire.

L'oncle Paul comme tout le monde prenait le métro. Chacun sait qu'aux heures de pointe il y a un monde fou. Quand on est âgé et tout au fond du wagon, il n'est pas toujours facile de se propulser jusqu'à la sortie. Il a trouvé la méthode infaillible. Il criait quand le train arrivait à la station.
''Attention, attention! Je vais vomir!'' tout le monde s'écartait et il descendait tranquillement.

Une autre fois il revenant de l'enterrement d'un membre d'une famille nombreuse. Il suivait un écclésiastique qui montait au troisième étage d'un immeuble où avait lieu le réception d'après la cérémonie. Et le brave curé qui n'était plus tout jeune, laissait fuser, en montant tous les trois ou quatre marches, des gaz bruyants. Il ne savait pas que l'oncle Paul était derrière lui. Il disait, se parlant à lui même:
''Et dire qu'ils s'en vont tous comme ça les uns après les autres.''
L'oncle n'a jamais su s'il s'agissait: de ses flatulences ou des membres de la famille!
Fin provisoire
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